Automne 2012…
L’Usine à Vapeur démarre à Molenbeek, lieu d’habitation de ses premiers membres, avec notamment comme perspectives d’organiser des rencontres, des ateliers, de créer des outils de diffusion (radio, écrits, films) et d’autonomisation, de recueillir de la documentation, et, élément matériel devenu indispensable, d’ouvrir « un lieu ».
Le lieu a pris la forme d’une buvette où quiconque pouvait venir boire un verre, faire une partie de cartes ou lire des BD. Nous voulions que ce soit un lieu de partage d’information, d’histoires, de paroles partisanes et de documentation sur le quartier;
et d’où relayer d’autres sons de cloches.
Un endroit où échapper à l’isolement et l’impuissance ordinaires,
sur un territoire de plus en plus menacé par la spéculation,
où les projets de spécialistes se jouent hors de la vue des principaux concernés.
Nous l’avons ouvert au début de l’automne après un mois de travaux.
Hiver 2012: cycle Territoires & Imaginaires.
Nous y avons projeté des films sur les plaies et les légendes bruxelloises, rencontré un historien local intarissable sur la vie du quartier à travers les âges, diffusé l’enregistrement de balades guidées sur les projets urbains des alentours…
Dans la perspective d’un atelier radiophonique, nous avons commencé à enregistrer des discussions et des entretiens.
Les enfants pouvaient venir les mercredi et samedi après-midi partager un «goûter» fait de récits, de jeux et de gâteaux. En terme de réappropriation, ils se sont avérés imbattables…
Ces premiers pas ont suscité de nombreuses rencontres et complicités qui prolongeaient et venaient nourrir nos questions, notamment en trouvant des échos auprès de luttes dites « de territoires » ou de tentatives d’autonomisation menées par leurs habitants, de Mouscron au Mexique, en passant par la Bretagne.
2013 en prise: de la ZAD au printemps érable.
Ainsi nous avons accueilli le comité de soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
(Bretagne), territoire occupé et défendu contre la construction d’un aéroport.
Les assemblées et la documentation se sont tenues quelques temps à la buvette.
La rencontre avec des membres d’Inter-Environnement Bruxelles (IEB) a permis
de saisir plus finement les enjeux stratégiques des aménagements en cours dans le quartier et la création d’un corpus d’information sur le sujet.
Des cinéastes canadiennes en tournée en Europe sont venues nous présenter leur film sur le «printemps érable». Un réalisateur belge a projeté son film sur le potager-verger sauvage de Mouscron – où des échanges de semences se font à l’échelle européenne –, en présence des membres des potagers urbains du quartier. Des expatriés italiens du voisinage ont tenu une soirée sur l’Italie post-électorale, un mexicain d’adoption a partagé ses récentes péripéties à Oaxaca, des habitantes ont palabré sur les enjeux urbanistiques de la Porte de Ninove… et l’atelier radiophonique y a enregistré quelques-uns de ces moments. Nous avons accueilli également un ciné-club qui a organisé une projection, chaque mercredi d’hiver, à grand renfort de couvertures.
L’année passant, cinéphiles et comités se dispersant, le temps, l’argent (tout fonctionnait sur fonds propres), les épaules et l’énergie venant à manquer, l’Usine à Vapeur et sa buvette prirent quelques mois de pause pour mieux repartir l’année suivante.